Notre maison a brûlé  | Faverges (74)

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Notre maison a brûlé | Faverges (74)

En 1972, à la demande du club de Rome (association de chercheurs internationaux), le «Massachussetts Institute of Technology» publie un rapport intitulé «les limites de la croissance». Ce document qui énonce pour la première fois les conséquences du développement industriel sur l’environnement se termine par une inquiétante conclusion : si rien n’est mis en œuvre pour stabiliser la population et la croissance industrielle, le système planétaire va s’effondrer.

En 2002, trente ans plus tard, à l’occasion du quatrième sommet de la terre à Johannesburg, Jacques Chirac prononce une phrase qui restera historique en ouverture de son discours : «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs».

En 2023, le constat est édifiant puisque le scénario décrit dans le rapport du M.I.T. devient réalité. En cause des intérêts contraires à la préservation de l’environnement, un déni de réalité, l’inertie de nos sociétés et des individus à modifier leur comportement, l’incapacité des politiques à infléchir une trajectoire délétère, … La prise de conscience collective actuelle n’induit pas pour autant une remise en cause globale du système qui génère le réchauffement climatique, une chute brutale de la biodiversité, un épuisement des ressources ou des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, canicules, feux de forêts, …). Tel que prédit il y a cinquante ans, le scénario du pire s’écrit effectivement devant nous.
Tour à tour concernés, consternés, complices, impuissants à agir, et maintenant spectateurs des conséquences : Notre maison ne brûle plus, elle a brûlé, c’est le constat que nous pourrons vraisemblablement faire prochainement. En écho à la pensée de Jacques Chirac, la cabane proposée illustre ce funeste destin.

Au-delà de l’illustration d’un constat, la cabane se veut un objet poétique, silhouette fantomatique évoquant les restes d’une construction en péril. L’architecture s’écrit ici dans sa plus simple expression, celle de la structure. Une série de portique rappelle ainsi la volumétrie d’un habitat sinistré dont l’usage a disparu, la maison ne comportant plus ni toit ni plancher. Suite au sinistre elle est inhabitable, impraticable. Le promeneur ne peut que constater l’étendue des dégâts en cheminant autour, ou entre les portiques.

L’architecture esquissée par ce squelette est constituée d’éléments primaires (poteaux, poutres, charpente) qui forment les portiques. Des diagonales barrent chaque portique, évoquant une habitation condamnée. Objet ayant perdu sa raison d’être, dans un paysage d’exception, la cabane questionne notre réaction et notre résilience à la catastrophe : Notre maison a brûlé et après ?

Maître d’ouvrage : Festival des cabanes

Surface de l’installation : 20m²

Calendrier : concours mars 2023